Formation grandes voies dans les Calanques

L’objectif des filles était clair : se former pour pouvoir gravir leur première grande voie en autonomie.
Fortes de leur pratique d’escalade en falaise, de leurs quelques expériences d’escalade en grande voie avec des amis, nous avons deux jours pour une formation aux fondamentaux de l’escalade en grande voie.
Pour ce séjour escalade, direction une fois encore le massif des Calanques, idéal pour se former aux itinéraires de plusieurs longueurs (tous les stages escalade en grandes voies). Ici, dans des cotations modestes, on peut gravir des itinéraires bien équipés (mal aussi!) dans un cadre exceptionnel.

Les fondamentaux de l’escalade en grande voie

Première journée sur l’une des nombreuses parois de la Calanque de Sormiou. La première demi journée est consacrée aux mises au point sur les fondamentaux (descente en rappel, confection d’un relais, assurage du leader et du second, sécurité au relais).

Dans une cordée, la base quand on débute la grande voie, c’est d’harmoniser les techniques et de savoir communiquer.
On se sent en sécurité si on comprend ce que fait l’autre.

On éprouve les techniques apprises en grimpant tout d’abord dans les superbes dalles du Dièdre Guem.
Puis on insiste sur les apprentissages au secteur Rumpe Cuou dans Le farniente des Oursins, un peu plus soutenu, plus raide mais toujours très accessible. Le plaisir de la grimpe sur ce calcaire blanc si sculpté est toujours au rendez-vous. Quand on découvre la grande voie, s’engager dans du « facile » permet de se concentrer sur la sécurité. On met en pratique les techniques apprises sans être perturbé par une escalade trop difficile.

Grandes voies dans la Calanque d’En Vau

Le deuxième jour, direction la reine des Calanques, En Vau. Ici, les pionniers de l’escalade ont été attirés très tôt par ces grands murs verticaux et raides plongeant dans les eaux couleurs lagon.

L’endroit est exceptionnel, que l’on grimpe ou pas.

L’escalade à En Vau

Une page importante de l’escalade s’est écrite ici des années 30 aux années 50. Des noms comme Tanner, Rébuffat, Livanos… ont ouvert ici des itinéraires emblématiques du massif. Depuis, des successions de génération de grimpeur viennent les répéter chaque année.
La patine est présente sur les classiques et l’équipement n’est pas uniformisé. S’y côtoient du vieux pitons comme de la broche inox, des passages en Ao pour « tirer au clou » et d’autres très engagés voire exposés, loin des standards de l’escalade sportive du 21e siècle.
On part donc se frotter au mythe. Comprendre un peu plus de ce que peut être l’ambiance grande voie et apprendre à se méfier. L’autonomie c’est aussi anticiper les escalades dans lesquelles on s’engage !!

Le pilier droit de la Passerelle

Je choisis le Pilier Droit de la Passerelle, juste au-dessus de la plage, une voie de 1950.
Globalement, les cotations sont sèches. Il faut choisir son itinéraire, se méfier parfois des prises douteuses dans les premières longueurs et affronter la raideur de la face. Tous les relais sont confortables et c’est important quand on commence à devoir s’engager plus dans les longueurs.
Dans ces voies la prise d’initiatives est fondamentale sous peine de rester pendu au beau milieu pour finalement décider de redescendre.
Prendre des informations sur les passages compliqués. Comprendre si c’est engagé,  exposé ou dangereux. Savoir s’arrêter ou s’aider des équipements en place si besoin… Apprendre à se débrouiller c’est ouvrir le champ des possibles et s’adapter à ce qu’offre l’équipement et le rocher… de grands pas vers l’autonomie.
Et la dernière longueur de cette voie demandera, même aux grimpeurs expérimentés, de se poser toute ces questions. Ce jour là, en ma présence, les filles ont pu apprendre un peu de tout cela, prendre confiance en elles-mêmes et se faire confiance entre elles.

 Le Cap Canaille : l’escalade dans une grosse ambiance

Sur de nombreux séjours (tous en fait!) de découverte ou de formation grandes voies dans les Calanques, je propose de grimper un ou des itinéraires au cap Canaille.

Ces falaises sont uniques : grimper en dévers dans du 5c/6a sur plusieurs longueurs est plus que rare. Grès, calcaires et pouding composent ces falaises et sont truffés de bacs et grosses prises. L’équipement rapproché rend souvent les passages obligatoires peu difficiles.

L’accès par le haut dans ces falaises raides est l’occasion de valider ces apprentissages du rappel, avec une petite boule au ventre lorsqu’après 5 m, on ne touche plus la paroi et ce pour les 40 mètres à venir.
Nous sommes au secteur Ouvreur de Bouse, dans une classique. Les filles gèrent la course de A à Z. On affine des détails de l’ergonomie dans les techniques mais on reste simple. L’objectif est d’accumuler de la confiance, d’ancrer des bonnes pratiques dans la cordée … parce que demain, ce sera sans moi et ce sera le début d’une superbe aventure !

ET LE LENDEMAIN ? CE FUT LEUR PREMIÈRE GRANDE VOIE EN AUTONOMIE! BRAVO

si vous voulez en savoir plus sur l’histoire de l’escalade dans les Calanques, je vous conseille cet article sur le site sur Parc National.