J’ai les sinus tout propres. Faut dire que j’ai un blaze qui laisse rentrer des hectolitres. Un tsunami nasal m’est promis à chaque saut si je ne ferme pas bien les écoutilles. Et des sauts, ça ne manque pas dans les Oules de Freissinière. Le parcours intégral de ce bijoux Haut Alpin, est un des des plus beaux canyons de France. C’est Français Monsieur !
Alors, comme on était désœuvré, on s’est donné rencard devant la guinguette de Bernard, le gardien du temple, qui prépare ses fond de tarte à la myrtille en regardant passer les mecs en néoprène et les petites randonneuses en short. Quel beau métier que celui de Bernard !
Cette année, sécheresse oblige, le niveau d’eau est celui de fin Août. Si la nature couine, le canyonneur en profite. De mémoire de guidos, jamais vu un tel débit à cette période, et le monstre des Oules est bien assagit. Mais attention, on est loin de la plage de Palavas ! Ça reste le canyon des Oules, et ça pousse bien dans les coins quand même.
Alors on s’est fait un petit plaisir entre potes, une intégrale rien que pour nous, sans clients, avec un minimum de rappel et un max de saut. Que du bonheur !
Bon c’était un peu trop bleu pour notre BE spéléo, qui comme les cochons, adore se rouler dans la boue. Mais là, rien, que dalle à se mettre sous la dent. Que de l’eau bleue et transparente ! Juste en face, le canyon de Chichin s’est fait défigurer par un orage dantesque qui a laissé des stigmates visibles encore bien longtemps…
Alors on ne cache pas notre plaisir. Celui d’être seuls au milieu de ce bijoux. On se goinfre et on enquille les obstacles sans se retourner. On snobe les relais dès que ça saute. On enchaine les toboggans de dingue et les sauts dans des bassines turquoises, tellement profondes. Bon dieu, la puissance de toute cette flotte qui façonne le canyon depuis des millénaires ! C’est hallucinant de force et de beauté. Quelle chance d’être là, avec les potes, légers, rapides ! Même Charlie qui a plutôt tendance à sortir des vasque plus vite qu’il n’y rentre, nous surprend à faire des tours de marmites en dos crawlé. Obligé de lui jeter des cailloux pour qu’il sorte. « Encore un tour les copains ! Soyez chic, pour une fois que je m’amuse ! » Bon d’accord, mais c’est le dernier, après on rentre.
Et puis il y a verticale. Parce que le canyon des Oules c’est aussi une série de grands rappels impressionnants, cachés derrières des geysers qui te laissent passer seulement si tu sais les apprivoiser. Alors on s’est laissé glisser en douceur sur notre nylon criard. On a enkité de la corde, on a installé du débrayable, enchainé les manœuvres le plus smooth possible, chacun prenant le lead à son tour, comme un jeu.
Et puis la vasque finale, un monstre creusé dans le mica schiste par une cascade des plus respectueuse. Pas trouvé l’appui pour sauter, alors il va falloir que j’y retourne, parce que là, je n’ai pas fait tout les mouv’…
Alors, qui m’accompagne ?…